10 Jan 2012

La résolution permanente

Publié à 23h45 par et sous Economie et politique, Lois et règles, Psychologie

Quelles sont vos bonnes résolutions pour 2012 ? Avez-vous décidé d’adopter de nouvelles habitudes, d’en abandonner de mauvaises ? Quels changements apporter à votre mode de vie ? Savez-vous seulement comment effectuer de telles transformations ? Choisissez une attitude gagnante : apprenez à développer des stratégies pour modifier durablement votre comportement.

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Avez-vous pris de bonnes résolutions, pour la nouvelle année ? Pensez-vous réussir à les tenir ? A quoi mesurerez-vous avoir atteint les buts que vous vous êtes fixés ?

1. Un problème de résolution

Si vous avez pris de bonnes résolutions, c’est une erreur. Enfin, c’est sans doute mieux que rien, certes, mais formuler vos aspirations en termes de “bonnes résolutions” risque d’ores et déjà de condamner tous vos efforts. Car sans vous en rendre compte, probablement, vous avez enfermé vos belles idées dans un carcan (un cocon 🙂 !) dont vous aurez bien du mal à les sortir.

  • D’une part, choisir le cadre réducteur des bonnes résolutions excuse a priori l’échec. On sait bien que ces engagements sont rarement tenus. Associer vos objectifs à une expression qui connote tant l’insuccès ne vous prédispose donc pas à réussir ;
  • D’autre part, il n’est pas évident que vous soyez mu par de saines raisons : en vous pliant à la coutume annuelle de la bonne résolution, vous avouez céder à une bête norme sociale. En fin d’année, le rituel de Noël tout juste achevé, une autre tradition s’impose : vous vous mettez en tête de développer une réponse automatique à cette terrible question qui ne manque de se poser à chaque réveillon. Peu importe le contenu, ce qui compte est de faire preuve de volonté : “cette année, je veux…” (quelques idées classiques). Dès lors, vous inscrivez vos objectifs dans un horizon temporaire, comme sur un coup de tête. Comme si vous suiviez une mode, vous vous complaisez dans l’impulsion du moment, au lieu de concevoir un projet à long terme, apte à convertir des ambitions réelles en stratégies solides.

C’est pourquoi nous vous encourageons plutôt à considérer le changement de manière globale. Globale, intégrée et permanente. Ce qu’il vous faut développer, en réalité, c’est une aptitude au changement, une capacité à donner suite à chacune de vos idées de métamorphose : la “résolution permanente” ! Afin que n’importe lequel des changements que vous avez en tête, quelle que soit la date, puisse se traduire par un plan d’action conçu pour aboutir.

Calvin refuse de suivre son compagnon, peluche tigrée bien décidée à devenir un nouvel Hobbes !

Est-il besoin d’attendre le 1er janvier pour enfin modifier votre comportement ou lancer de grands projets ? Si ces évolutions vous tiennent à cœur, mettez-vous à l’œuvre dès maintenant. Au plus tôt, sans procrastiner. Ne perdez pas de temps, ne remettez pas au lendemain. Nul besoin d’attendre un signal fort : l’heure a déjà sonné. Votre nouveau Moi n’attend plus que vous.

2. Changer son comportement : pour qui, pour quoi ?

Il peut y avoir de multiples raisons de changer. Si vous manquez d’idées (rappelons-le, le but n’est pas de se forcer), songez par exemple à la célèbre citation de Gandhi :

“Be the change you want to see in the world”

Pour encourager un certain comportement auprès de vos pairs, commencez par donner l’exemple, en adoptant vous-même l’attitude que vous prônez.

Nous ne préjugerons pas de vos raisons, ni même de la nature de la transformation que vous envisagez. En revanche, nous ne nous adressons ici qu’à ceux qui veulent réussir. Ceux qui veulent vraiment réussir. Pas ceux qui ont toujours une bonne raison de tout rater. Ceux qui se complaisent dans la difficulté, qui accumulent eux-mêmes les obstacles sur leur route, qui foncent tête la première dans les murs en béton, et creusent leur propre tombe.

Pas les passifs-agressifs qui font preuve de volonté, en apparence, mais dans les faits n’ont aucunement envie d’agir. Ceux qui disent vouloir changer, probablement pour faire plaisir aux autres, probablement par intériorisation d’une norme sociale ou parentale à laquelle ils veulent se conformer, alors qu’au fond d’eux ils s’aiment comme ils sont, ne se reconnaissent que dans cette image qu’ils se renvoient à eux-mêmes, et n’ont aucune motivation pour s’amender.

3. Comment effectuer sa métamorphose

L’ensemble des ressources que nous avons consultées – et mises à l’épreuve – font apparaître les principes, lois et règles conduisant aux meilleurs résultats. Attention, ces idées peuvent heurter l’intuition, l’habitude ou la “sagesse populaire”. Mais peu importe : ce qui nous intéresse, nous, c’est de savoir ce qui marche.

1) Quelles résolutions ? Concentrez-vous !

  • “Less is more” : moins vous aurez de résolutions, plus grandes seront vos chances de succès ; en effet, vous aurez plus d’énergie à dédier aux changements les plus prioritaires, contrôlerez plus facilement vos progrès et gagnerez en motivation à mesure que vous observerez des résultats probants sur un petit nombre d’indicateurs (plutôt qu’une avancée erratique sur une longue liste de critères !)
  • Vous êtes seul maître à bord : ne vous forcez pas à faire vôtres les résolutions choisies par d’autres, ou à tenter de vous réformer selon les bons conseils prodigués par votre entourage ; concentrez-vous sur ce qui vous intéresse vraiment, vous, et ce que vous voulez obtenir de votre vie (sinon, la démotivation vous guette)
  • L’obstination bornée ne mène à rien : ne vous contraignez pas à reprendre d’anciennes résolutions non abouties (ou alors lisez bien le reste de cet article, car si vous avez échoué par le passé, ce n’est sans doute qu’une question de méthode 🙂 !)

2) Quels leviers d’action ? Croyances, actions et environnement

Pour changer, il faut jouer sur :

  • ses croyances : ce que l’on pense
  • son comportement : ce que l’on fait
  • son environnement : où l’on est

a) Croyances : adopter un état d’esprit positif

Optez pour des croyances stimulantes (rappelez-vous comment nos croyances nous conditionnent) :

  • “Je devrais / ça vaut le coup” : vous devez avoir une raison suffisante pour agir. Ayez pleinement conscience de ce que vous avez à gagner du changement. Visualisez ce que la transformation peut objectivement vous apporter.
  • “Je veux” : vous devez sincèrement vouloir changer. Que votre situation actuelle soit douloureuse ou non, vous devez en arriver au point où le changement n’est pas juste une “bonne” chose, mais un impératif : en l’état, vous vous sentez incomplet, non épanoui, non “réalisé”.

Bien sûr, vous serez grandement aidé en cela si la Providence vous impose une expérience déstructurante, un choc qui vous pousse à prendre du recul sur votre vie : phrase plus ou moins blessante qui vous fait réfléchir, sentiment de perte immense, impression d’être passé près de la mort, etc. Inutile cependant d’attendre une telle prise de conscience, un tel évènement fondateur (“a new Pearl Harbor”). Si vous souhaitez changer, n’attendez pas le Père Noël.

  • “Je suis prêt” : assurez-vous d’avoir bien assimilé votre désir d’évolution (“problème” à résoudre ou plus simplement “état désiré” à atteindre), de même que votre volonté de changement. Êtes-vous réellement disposé à vous transformer, et voir transformée au passage votre vision de vous-même ? Êtes-vous prêt à consentir à des sacrifices pour recevoir demain davantage que ce que vous avez aujourd’hui ?
  • “Je peux / c’est facile” : pensez donc que vous pouvez changer (yes, you can!) ; ne partez pas du principe que la métamorphose est une épreuve insurmontable : elle est tout à fait possible, et devrait même se révéler plus simple que vous ne l’imaginiez

Yes you could

Prenez bien garde à :

  • User de vos capacités d’imagination avec pondération : des études psychologiques indiquent qu’il est néfaste de se perdre à fantasmer sur l’idéal dans lequel on se projette (peut-être parce que les rêvasseries conduisent à la passivité, ou ne préparent pas suffisamment à affronter l’adversité et les risques de rechute). De même, s’efforcer d’émuler un modèle (ami, personnalité célèbre…) semble nuire à la réalisation de ses vœux de métamorphose, tout comme se nourrir d’images négatives de la situation dans laquelle on se trouverait en cas d’échec (cause de démotivation). A l’inverse, voici ce que l’on peut décemment s’autoriser à visualiser, dans les limites du raisonnable : premièrement, le processus par lequel on envisage d’obtenir les résultats souhaités (c’est-à-dire soi-même, en train d’accomplir les actions requises) ; deuxièmement, les bénéfices objectifs de l’état désiré ; troisièmement, une estimation réaliste des problèmes que l’on pourra rencontrer en chemin.
  • Ne pas raisonner en termes de force de volonté, de logique ou de rationalité : la connaissance seule ne mène pas à l’action. S’il est heureux que la volonté de changement vous anime, il ne faut pas pour autant faire reposer votre réussite sur la fermeté de votre volonté : elle ne suffit pas à produire des changements durables. Dès lors, gardez-vous bien d’interpréter l’échec comme un manque de motivation.

Contentez-vous de suivre les règles ci-dessous après avoir “délocalisé l’instance de décision” qui siège dans votre cerveau : ce n’est plus votre ego qui décide, c’est le plan que vous vous serez fixé. Une fois votre programme défini, ne vous posez plus la question de l’intérêt de chacune des étapes intermédiaires de votre démarche : votre pilote automatique sait ce qu’il fait, lui. Faites honneur à vos engagements, c’est tout (et méfiez-vous, le jour où vous ne respecterez plus la routine suivie des semaines entières sans broncher, en vous promettant que l’interruption restera ponctuelle… Il ne s’agit pas d’ouvrir la voie à la renégociation risquée d’une dynamique favorable).

b) Actions : s’orienter vers l’action, adopter une attitude SMART et penser agile

  • Formulez vos résolutions en des termes positifs : concentrez-vous sur ce qu’il faut faire, pas ce qu’il ne faut pas faire ; créez de nouveaux comportements au lieu d’essayer de vous débarrasser d’anciens

Se forcer à ne pas faire quelque chose est presque aussi dur que de se forcer à ne pas penser à quelque chose. Allez-y, essayez donc de ne pas penser à un éléphant rose faisant du ski sur la banquise… Raté ! De même, l’affirmation “je ne veux plus que la politique soit livrée à des incompétents” éclaire moins les actions que l’on peut réellement entreprendre à son niveau que “je dois m’investir en politique”. Sortez du domaine de la pensée et de la volonté : agissez !

  • Soyez clair sur vos buts ; écrivez-les sous la forme d’objectifs SMART

Spécifiques : définissez des actions simples et concrètes plutôt que des objectifs théoriques et abstraits (chunk down ou “découpage vers le bas” de la PNL) ; exemple : “je veux être Président de la République” est plus précis que “je veux influer profondément sur la politique de mon pays”

Mesurables : déterminez les indicateurs qui vous permettront d’évaluer vos résultats ; par-delà la qualité intrinsèque de ces critères, se fixer d’atteindre un taux de croissance de 3% ou de réduire le chômage de 4 points donne de meilleurs moyens de jauger les effets de sa politique future que la déclaration maladroite “je ferai tout pour sortir la France de la crise”

Appropriés : les actions à entreprendre doivent se rapporter à l’objectif final affiché ; copiner avec les grandes entreprises du bâtiment ou de l’armement pour s’en mettre plein les poches peut certes contribuer à accéder à la fonction suprême, mais il y a lieu de se demander si cela sert encore l’intérêt général…

Réalistes : prenez en compte le contexte et les moyens, les ressources et les compétences dont vous disposez. De surcroît, l’objectif visé ne doit dépendre que de vous. Exemple : “je veux devenir président”, admettons, mais êtes-vous sûr de pouvoir convaincre au-delà du cercle familial et de vos amis (et encore) ?

Temporellement définis : fixez-vous des échéances pour atteindre vos buts (“bon d’accord, je me donne 55 ans pour devenir président !”). Mieux : visez des changements temporaires plutôt que définitifs, car vous relâcherez ainsi la pression et, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, vous aurez développé une bonne habitude dont vous ne pourrez plus vous débarrasser (“allez, je mets juste un pied dans la politique, je deviens militant, je demande à Papa et ses amis de me décrocher un poste à l’EPAD, et pour le reste, on verra plus tard”… Affaire à suivre !)

C'est vous qui voyez

  • Organisez votre projet selon un plan : décomposez vos objectifs en sous-objectifs. Le meilleur moyen de déployer votre stratégie à plus ou moins long terme est de fragmenter la résolution initiale en plusieurs étapes à suivre pas à pas. Visez des changements de faible envergure, obtenez des victoires quotidiennes, puis montez en gamme afin que, petit à petit, vos succès gagnent en ampleur. Soyez “agile” et pliez-vous aux préceptes de l’amélioration continue : au lieu de viser un saut quantique, demandez-vous chaque jour quelle est la prochaine étape (“what’s the next step?”). Que pouvez-vous faire aujourd’hui pour vous assurer que, demain, vous serez plus proche qu’hier de votre objectif final ?
  • Incluez à vos plans des mécanismes d’incitation : délivrez-vous des récompenses ! Vos succès quotidiens méritent une gratification. Songer à la carotte vous donnera chaque jour des raisons d’espérer, et la grignoter avidement vous donnera ensuite la satisfaction du travail accompli 🙂
  • Informez les autres de votre résolution : imposez-vous une pression supplémentaire en parlant de vos projets autour de vous. Il est trop confortable de garder ses résolutions pour soi : à la première rechute, on retourne à ses mauvaises habitudes comme si de rien n’était. A contrario, vous engager en public vous pousse à coller à votre résolution. Vous pouvez même en faire un jeu, une compétition : motivez d’autres individus à tenter l’aventure avec vous pour exploiter davantage encore votre peur de l’échec. Par ailleurs, membres de la famille et amis dans la confidence pourront également vous apporter leur soutien en cas de besoin.
  • Surveillez votre progression : tenez un journal, remplissez une feuille de calcul ou collez des papiers sur votre frigo pour suivre vos avancées. D’une part, vous garderez plus vif dans votre esprit l’objectif à atteindre (et l’état d’où vous partez) ; d’autre part, vous contrôlerez votre rythme de progression, et aurez toute latitude pour adapter votre stratégie de changement à mesure de votre évolution.
  • Intégrez l’idée de rechute : il est fort probable que vous cédiez à la tentation d’anciens travers. Cela ne doit pas mettre un point d’arrêt à vos efforts : traitez chaque échec comme un retour en arrière temporaire plutôt qu’une raison de tout abandonner.

c) Contexte : modifier son environnement et utiliser des triggers à son profit

L’environnement influe sur le comportement : vous récoltez ce que vous semez, que vous le vouliez ou non. Vous serez poussé à la rechute par des “triggers” (déclencheurs, comme les “ancrages” de la PNL) : cet ami qui n’essaye pas d’arrêter de fumer, lui, et vous tend une alléchante cigarette, ce gâteau en vitrine qui vous fait déjà saliver, cette femme de chambre soumise qui réveille vos sens…

Comme pour les croyances, détournez-vous des triggers négatifs, pièges avec lesquels il vous faut composer, mais utilisez à votre profit la logique de ces outils, en façonnant vous-mêmes des déclencheurs positifs. Partez du principe qu’aucun comportement n’est déclenché sans trigger : abusez des post-it, des alarmes et pense-bête. Prenez un chewing-gum lorsqu’on vous propose une cigarette, buvez un verre d’eau à la vue d’un éclair au chocolat, et pensez au palais de l’Elysée en apercevant une domestique facilement “troussable”…

Conclusion : apprenez à vous manipuler (enfin, façon de parler 🙂 !)

  • Au lieu de vous contenter de (plus ou moins bonnes) résolutions, développez une aptitude au changement
  • Utilisez cette aptitude à bon escient pour modeler votre vie et vos comportements
  • En vous lançant dans un processus de métamorphose, concentrez-vous sur un petit nombre de projets qui vous intéressent vraiment
  • Passez à l’action en déployant une stratégie basée sur :

1. Des croyances stimulantes : adoptez une attitude ouverte en prenant conscience de vos désirs, de votre volonté et de vos capacités

2. Une séquence de sous-objectifs temporaires : définissez des actions positives, réalistes et mesurables, associez-leur des récompenses, soumettez-vous à la contrainte d’un regard extérieur et suivez votre propre progression

3. La manipulation de votre environnement : écartez les tendances délétères et encouragez les comportements bénéfiques en créant des triggers

Choisissez des comportements précis, faisables, et rendez-les faciles.

 

Sources et liens pour aller plus loin :

  • Les présentations toutes simples du Persuasive Tech Lab de l’université de Stanford, dont “les 10 erreurs à ne pas commettre pour changer son comportement”, bien qu’on se demande pourquoi les auteurs du document ne se sont pas appliqué ce qu’ils encourageaient, à s’exprimer en termes négatifs (des comportements à éviter) plutôt que positifs (des actions à effectuer)
  • Le chapitre “Motivation” de 59 Seconds, par le psychologue britannique Richard Wiseman (un nom pareil force déjà le respect) ; pour un résumé de ses idées, voir un article récent de son blog
  • The 4-Hour Body, pavé pondu par le business guru Tim Ferriss, archétype de l’ultra-winner à l’américaine (qui aura fortement inspiré Capitaine Hannibal !)
  • Une carte mentale sur les moyens de provoquer des changements de comportement dans la population (notamment sur les questions de réchauffement climatique)
  • Quelques mots sur l’importance des croyances ici

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